LE COMTE HENRY RUSSELL, SEIGNEUR DU VIGNEMALE, par Monique DOLLIN DU FRESNEL

 Mme Dollin du Fresnel nous a transmis la présentation de la conférence qu'elle tiendra pour nous:

 

Présentation de la conférence sur Henry Russell

 

(Mairie d’Accous, le 29 avril 2017)

 

  

Le comte Henry Russell (né à Toulouse en 1834 et mort à Biarritz en 1909) est surtout connu pour avoir été un des premiers à découvrir puis à parcourir la chaine des Pyrénées pendant plus de cinquante ans, et à avoir incarné au plus haut point cet état d’esprit de conquêtes, de poésie et de romantisme qu’Henri Beraldi a appelé le Pyrénéisme. Moitié irlandais par son père et moitié gascon par sa mère, il commence sa vie d’aventures par de longs voyages qui vont le mener en Amérique, en Russie, en Chine, en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Indes, à une époque où certaines de ces contrées étaient encore inexplorées. A son retour de voyages, en 1861, il se fixe définitivement à Pau et consacre le reste de sa vie aux Pyrénées, jusqu’à s’installer l’été sur le plus haut sommet du versant français : le Vignemale. Il y fait creuser sept grottes et en devient propriétaire pour 99 ans. Il est aussi musicien et surtout écrivain puisqu’il publie plusieurs ouvrages dont les « Souvenirs d’un Montagnard ».

 

                       

 

Monique Dollin du Fresnel est conservatrice et directrice de la bibliothèque de Sciences Po Bordeaux. Elle y est aussi chargée d’enseignements en culture générale, ainsi qu’à l’Université de Bordeaux.

 

Arrière-petite-nièce d’Henry Russell, elle manifeste depuis longtemps son intérêt pour la vie et l’œuvre de son oncle. Dans cette biographie elle a pu disposer de documents originaux et inédits ainsi que de nombreuses photographies ayant appartenus à Henry Russell et qui serviront de support à la conférence.  

 

 

  

 

L’ORPHEON DE LUZ ST SAUVEUR

 

L’orphéon est un groupe de chant du Pays TOY

 

Dans une de leurs chansons : « Chantons Amis » Cette chanson parle de la montagne et des Pyrénées. Un des couplets parle ainsi de  RUSSEL :

 

« Bien avant nous, un irlandais
A rayonné sur les Pyrénées
Son nom brille sur une stèle
Bravo, bravo Henri RUSSEL »

 

Lors d'une conférence sur l'évolution des forêts de nos montagnes, le conférencier , M. Touyarou, conclut sa présentation par cette citation de RUSSEL:

" Les Pyrénées sont capables de donner aux saints, la nostalgie de la Terre"

 

Et puis, avant la conférence, 2 textes sur Henry RUSSEL

 1 ) Entretien avec Monique Dollin du Fresnel 

Recueilli par Alain Babaud - Sud-Ouest du 14 avril 2009

« Il passait pour un original »

 

« Sud Ouest ». Le centenaire de la mort d’Henry Russell, c’est une bonne occasion de relater sa vie et son œuvre. Qu’apporte cette biographie, par rapport aux précédentes ?

 Monique Dollin du Fresnel.
Je devais avoir cela écrit en moi depuis longtemps. Il y a deux ans, je suis tombée, dans le grenier de la maison familiale, sur une malle qui n’avait pas été ouverte depuis 1942. D’un seul coup, on était en plein « Harry Potter » ! Dedans, j’ai trouvé un trésor d’informations !

 

Il y a eu quatre ou cinq biographies sur lui, en effet, jusque-là, mais avec certaines inexactitudes… On se disait que la vie d’Henry Russell était tellement époustouflante qu’on pouvait bien en rajouter un peu. Mais ce que j’ai trouvé vient remplir les « blancs » qui existaient. Et sa vie se suffit à elle-même, je vous assure.

 

Henry Russell est essentiellement connu comme le père d’un certain art de vivre les Pyrénées, assez romantique.

 

C’est un grand pyrénéiste, en effet, un auteur au style très personnel, mais aussi un grand violoncelliste, un grand voyageur… Même Jules Verne s’en inspire et le cite dans « Michel Strogoff » ! Au-delà du parfait personnage de roman, j’ai voulu faire connaître l’homme à partir de faits historiquement fondés. Tout en écrivant à la façon d’un roman, j’ai donc voulu mettre les points sur les « i ».

 

N’est-ce pas une façon également, ce livre, d’enfin le faire connaître au grand public ? Parce qu’au-delà d’un cercle de férus de montagne, Russell reste méconnu, non ?

 

Je suis étonnée qu’il ne soit pas plus connu. Russell, c’est l’équivalent pour la montagne d’un Pierre Loti - pourtant beaucoup plus connu - pour la mer. Ou d’un Antoine Dabadie qui a bâti le château Dabadia en Pays basque, qui lui aussi resté assez méconnu… Mais je rencontre régulièrement de grands connaisseurs du personnage qui ont souvent fait beaucoup de montagne et lu « Souvenirs d’un montagnard » qui vient d’être joliment réédité, chez MonHélios. Pourtant, lire Russell demeure très intéressant.

 Vous considérez que l’auteur de « Souvenirs d’un montagnard » ou de « 16 000 lieues à travers l’Asie et l’Occitanie » conserve une certaine modernité ?

 

Tout à fait. Il ne supportait pas, par exemple, que l’on puisse abandonner ses papiers gras et autres déchets en montagne. C’était un écologiste avant l’heure. Il avait aussi une réelle vision du monde, pour avoir pratiquement fait le tour du monde très jeune. Il a dénoncé le traitement infligé aux Indiens d’Amérique ou aux populations noires encore soumises à l’esclavage. Il y avait du Tocqueville en lui.

 Mais il restait de son temps. C’était un personnage à la fois complexe et clair sur ses trajectoires. Ce n’était pas un Kérouac, mais il avait sillonné le monde, et ses analyses géopolitiques sur la Chine ou la Russie étaient très clairvoyantes.

 

Pau ne garde pourtant guère de traces de son passage.

 Une rue de Trespoey, une plaque quasiment effacée au 14 rue Marca où il habitait, une place au cimetière… Rien de grandiose.

 Ce serait bien de faire une statue, sans doute… Henry Russell fait partie des personnalités qui ont marqué la région. Il tranchait sur les poncifs de l’époque. C’était un jeune aristocrate attachant, distingué, courtois. Il appréciait le monde, faisait partie du cercle anglais, tout en étant une vraie force de la nature - comme sa mère - qui faisait, en moyenne, 10 km à pied par jour pour garder la forme.

 Dans l’époque verrouillée du XIXe siècle, il passait pour un original. Pensez donc, au Vignemale où il avait fait percer ses grottes, c’est avec du bordeaux Pape-Clément et du champagne qu’il recevait ses hôtes. Le côté aristocrate fait peut-être qu’il n’est plus « tendance »... Cela dit, le centenaire sera cette année l’occasion, à Argelès-Gazost, Lourdes, Gavarnie et Pau, de conférences, expositions, etc.

 

Vous avez le sentiment que son côté aristocrate fait qu’on n’a pas cherché à le mettre en avant ?

 C’était un aristocrate, oui. Il ne travaillait pas, comme ça se faisait à l’époque, et il s’en excusait presque, parfois. Mais surtout, sa vision de la montagne est très datée « XIXe siècle », c’est-à-dire romantique.

 Il était très critique envers ceux qu’il appelait « les acrobates » ou les « touristes » qui commençaient à arriver en masse. Pour lui, en montagne, il fallait prendre le temps de sentir, d’écouter, de voir, d’apprécier longuement le paysage… C’était une philosophie. Un autre monde, quoi.

 À la fin de sa vie, il avait l’image du patriarche, mais n’était plus de « mode ». Le pyrénéisme, en tant qu’art de vivre la montagne, en tant que philosophie, n’était plus d’actualité. En revanche, vous pouvez prendre « Souvenirs d’un montagnard » et monter, rien n’a changé. Hormis les grottes. Il ne reste que des trous dans la falaise. Tout ce qu’il avait fait maçonner a disparu.

 Mis en ligne le mardi 14 avril 2009

 

2)  Le Comte Henry Russel-Killough : Une vie pour les Pyrénées

 

jeudi 25 juin 2009 par Rédaction

 

Voilà cent ans qu’est disparu un des grands pyrénéistes, le Comte Henry Russell. Il était profondément attaché au village de Gavarnie d’où partaient toutes ses expéditions en montagne. Reconnaissante, la commune de Gavarnie organise, samedi 27 juin, une journée qui lui est dédiée.

 

En 1909, avec le décès du Comte Henry Russell, disparaissait l’un des plus fameux pyrénéiste de notre histoire. Un homme au destin extraordinaire qui eut l’idée saugrenue, à la fin du XIX siècle, de « louer les Pyrénées » ! Pour 1 franc symbolique, la préfecture des Hautes-Pyrénées accepta de lui louer, sur 99 ans, 200 ha de montagne, situés entre 2300 et 3300 m d’altitude au lieu-dit du Vignemale. Un terrain sur lequel il fit creuser au cours des ans 7 grottes destinées à accueillir les randonneurs, les guides...

 

Jamais à court d’idée originale, il fit même construire au sommet du Vignemale une tour de pierre de 3m de haut pour lui faire dépasser symboliquement la barre des 3300 m !

 

Ce terrain et ces grottes furent les témoins d’une époque aujourd’hui révolue. Vivant de ses rentes et des retombées de placements financiers judicieux, Henry Russell multiplia sur le Vignemale les réceptions les plus somptueuses. Légendaires, elles rassemblèrent dans ce lieu à la beauté époustouflante les plus grands de ce monde, princes et rois, reçus sur un tapis rouge jeté sur la neige.

 

C’est en souvenir de cette époque de découverte des Pyrénées, que Gavarnie rend hommage ce 27 juin à un homme qui fut parmi les premiers à gravir le Cylindre du Marboré (3328 m), le Mont Perdu par l’Est (3355 m), le Pic du Gabietou (3031m) ou encore l’Astazou Occidental.

 

Toutes ses ascensions avaient pour base de départ le village de Gavarnie et plus particulièrement le célèbre Hôtel des Voyageurs aujourd’hui fermé et en partie détruit par un incendie.

 

 

Deux ouvrages en mémoire du Comte Henry Russell

 

Le centenaire de la mort du Comte Henry Russell est l’occasion de la sortie de deux ouvrages très intéressant pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du pyrénéisme et aux Pyrénées.

 

Henry Russell, une vie pour les Pyrénées (1834-1909)
Auteur : Monique Dollin du Fresnel
Ed. Sud Ouest

 L’auteur a toute la légitimité pour écrire un tel ouvrage puisqu’elle est l’arrière petite nièce d’Henry Russell. Conservatrice et directrice des bibliothèques de Sciences-Po Bordeaux et chargée d’enseignement à l’Université de Bordeaux et IV, elle a pu disposer de documents originaux inédits trouvés par hasard dans une malle située dans un grenier. Elle disposait ainsi de nombreuses photos ayant appartenues au Comte.
Son ouvrage est particulièrement bien documenté. Plus de 450 pages de recueil de souvenirs et de propos qui font revivre le Vignemale. A propos de la grotte Paradis située juste sous le sommet du Vignemale, il disait que « ça manque de confort, il n’y a pas de porte et le sol est humide ; ainsi le jour où il me prendra la fantaisie de passer une nuit à 3 300 mètres, je m’installerai en plein vent ».

 

Henry Russel et ses grottes – Le fou du Vignemale
Auteur : Marcel Pérès
Ed. PUG

 

Plus modeste que l’ouvrage de Monique Dollin du Fresnel (175 pages), l’auteur connaît bien les lieux et se limite aux seules grottes. Ayant grandi à Cauterets et Argelès-Gazost, Marcel Pérès est docteur en histoire. Il fut professeur à Luz puis directeur de l’ENSA, sous-préfet de Grenoble, secrétaire général de la Préfecture de Bordeaux puis Préfet.
Marcel Pérès nous raconte comment le comte a dépensé une véritable fortune pour faire percer ces grottes pour y vivre en pseudo-ermite avec des moyens culinaires tout à fait remarquables.

 

Voilà deux ouvrages totalement différents qu’un bon pyrénéiste se doit d’avoir dans sa bibliothèque.

 

 

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