LE TRAITE DES PYRENEES PAR M. POUMAREDE

Géraud POUMAREDE
Professeur d’Histoire moderne
Date de naissance : 22 juin 1970
Adresse professionnelle : UFR Humanités - Université Michel
de Montaigne Bordeaux 3, Domaine Universitaire, 33607 Pessac
Cedex
E-mail : gpoumarede@u-bordeaux3.fr


Principaux thèmes de recherches
Histoire des relations entre l’Europe et l’Empire ottoman (XVIe-
XVIIIe siècle)
Histoire de la Méditerranée à l’époque moderne (XVIe-
XVIIIe siècle)
Histoire des relations internationales dans les mondes modernes
(XVIe-XVIIIe siècle)


Cursus universitaire
École normale supérieure de la rue d’Ulm (1991-1996)
École française de Rome (1999-2002)
Doctorat en histoire moderne (2003)
H.D.R en histoire moderne (2008)

 

LA CONFERENCE

 

 

1659, LA PAIX DES PYRENEES

 

Dans l’esprit de chacun, ce fut un traité signé à l’occasion du mariage de Louis XIV et Marie Thérèse d’Espagne sur l’Ile des Faisans, sur la Bidassoa

Ce fut plus que cela. Il y avait d’abord un contexte particulier dans l’Europe d’alors. En quelques points : en voici quelques éléments

  •  C’est la première fois qu’un traité touchant la France et l’Espagne se négociait sur la Frontière entre les deux Pays. Jusque-là, ils avaient toujours été négociés près des lieux de conflit entre les deux pays, dans le Nord et l’est de la France, lorsque la Hollande dépendait de l’Espagne 
  • Les familles royales de l’époque, Habsbourg en Autriche et Espagne, France étaient toutes en parenté du fait des mariages entre elles. Ceci n’empêchait pas les guerres et les disputes. La France avait surtout la crainte d’être totalement entourée, au nord et à l’est, mais aussi au sud par les Habsbourg 
  • L’Espagne, tout comme la France telles que nous les connaissons n’existaient pas. On parlait d’ailleurs des Espagnes et la France n’était pas encore unifiée , et il n’y avait que quelques provinces autour de l’Ile de France.

 

LE PROCESSUS DE PAIX

 

En 1659, on est au terme de 50 ans d’escalade entre les deux Pays et de 25 années d’affrontements militaires. La situation financière des deux pays était difficile et les négociations vers un début de paix s’engagèrent en 1656. La France suggère un mariage entre Louis XIV et Marie Thérèse.

Les discussions furent longues. En juin 1659, furent signés « les préliminaires de Paris » définissant le périmètre du futur traité, en particulier le négociation sur les frontières entre les deux Pays

En août et septembre, le traité fut négocié sur l’Ile de Faisans par Mazarin et Luis de Haro. Il fallait en outre un équilibre parfait qui respecte l’honneur des parties et les susceptibilités de rang !! 

Le traité fut signé le 7 novembre 1659. Il comprenait bien sur le contrat de mariage. Une dot de 500 000 écus d’or fut prévue, ainsi que la renonciation de Marie Thérèse au  trône d’ESPAGNE.

 

LE MARIAGE

 

Il fut célébré en juin 1660 en respectant tout le protocole des deux royaumes.

Le 3 juin, le mariage a été célébré à Fontarabie, sans Louis XIV , mais en présence d’un représentant.
Le 6 juin, Louis XIV rencontre  Filipe IV, roi d’Espagne, sur l’ile de Faisans.
Le 9 juin, bénédiction nuptiale et échange des anneaux à Saint Jean de Luz

 

LES APPORTS DU TRAITE

 

Ce fut d’abord d’importantes acquisitions territoriales, d’une part sur les frontières du Nord et d’autre part sur les Pyrénées avec le Roussillon et une partie de la Cerdagne.

Ensuite ce fut la fixation  des principes de définition de la frontière entre les deux états.

 

On passa ainsi d’un enchevêtrement de titres et de droits à une limite géographique, topographique, linéaire.

 

La fixation des limites est confiée à une commission bipartite d’experts qui s’attache plus particulièrement au tracé de la frontière du côté de la Cerdagne et du Roussillon : 31 mai 1660, accords préliminaires ; 12 novembre 1660, traité de Llivia.

 

Division des Etats. Limites claires et définies, inspirées par l’idée de « limites naturelles », mais aussi par l’histoire, et censées rompre avec les incertitudes et les enchevêtrements, mais confrontées à la complexité du terrain.

 

Les discussions sont tendues mais fécondes. Face aux Espagnols qui veulent imposer la limite au pied des Pyrénées, Pierre de Marca défend une division fondée sur les « crêtes et les sommets » et sur « la séparation et diverse chute des eaux ».

  

Enfin, que sont devenus les accords entre vallées frontalières appelés accords de lies et passeries, essentiellement liés aux conditions de pacage des montagnes

  

Ils furent maintenus mais les conditions de signature furent de plus en plus contrôlées par les pouvoirs royaux

 

 

 

EN CONCLUSION : L’EMERGENCE DE LA FRONTIERE PYRENENNE

 

 

 

Le long affrontement franco-espagnol du premier XVIIe siècle a favorisé un renforcement du contrôle des espaces montagnards par les pouvoirs centraux et entraîné par conséquent un affaiblissement relatif des autonomies et des privilèges des communautés locales.

 

 

 

Avec la paix de Pyrénées s’affirme l’ambition d’une délimitation plus nette, d’une division plus claire des espaces frontaliers afin d’enraciner la paix, en évitant à l’avenir les litiges et les conflits, mais aussi  pour mieux établir la souveraineté royale sur ces marges.

 

 

 

Le traité répond en partie à ces exigences nouvelles : il érige les Pyrénées en frontière et renvoie à l’histoire pour leur démarcation. La commission bipartite complète ce dispositif par des considérations centrées sur la topographie, les lignes de crêtes et de partage des eaux servant de limites. Mais il y a loin des principes aux actes : le tracé de la frontière n’est véritablement défini que sur une portion étroite de celle-ci, correspondant aux acquisitions nouvelles de la France. Ailleurs la frontière demeure en friche, avec ses indécisions, ses incertitudes, ses chevauchements.

 

Deux siècles sont nécessaires pour qu’elle soit précisée. Le général Callier, président de la commission des limites réunie sous le Second Empire, juge rétrospectivement avec dureté le traité des Pyrénées : « Quand il se présente quelque objet de discussion entre l’Espagne et la France, on tourne ordinairement les yeux vers le traité des Pyrénées, comme un palladium contre tout sujet de querelle entre les deux royaumes, […] mais on se tromperait à l’égard des limites. Loin que ce traité les ait réglées du côté des Pyrénées, il n’a fait que fournir des moyens de perpétuer des prétentions litigieuses… Cette dénomination vague des monts Pyrénées donna nécessairement lieu à la nomination de commissaires pour la démarcation immédiatement après la signature du traité. S’ils commencèrent à travailler, ils ne finirent rien. »

 

Il faut ainsi attendre le traité de Bayonne du 2 décembre 1856 pour que la démarcation entre la France et l’Espagne soit enfin clairement établie depuis l’embouchure de la Bidassoa jusqu’au pic d’Anialarra avec l’apposition de plus de 600 bornes. Le traité du 14 avril 1862 précise la frontière de l’extrémité orientale de la Navarre jusqu’au Val d’Andorre et celui du 26 mai 1866 révise le dernier tronçon jusqu’à la Méditerranée.

 

La frontière franco-espagnole est devenue une réalité objective, une limite visible sur le terrain par des marques tangibles et reportée sur les cartes.

 

 

Les conséquences du traité des Pyrénées par Robert Sala

 

CANET-EN-ROUSSILLON

 

Historien et professeur honoraire des universités, Raymond Sala était l'invité dernièrement des Amis du Vieux Canet pour une conférence sur les conséquences du traité des Pyrénées en Roussillon. Son érudition jointe à la clarté de ses propos ont fait de cet avant-dernier rendez-vous de la saison un moment privilégié. En situant son exposé dans la longue durée, le conférencier a balayé plusieurs siècles d'histoire des relations franco catalanes.

 

Signé en 1659
Signé en 1 659 par Louis XIV et Philippe IV d'Espagne, le traité des Pyrénées comptait cent vingt-quatre articles, dont deux à peine consacrés au Roussillon. Il n'en opérait pas moins un profond bouleversement en séparant cette province du Principat de Catalogne. "La frontière fut fixée aux monts des Pyrénées de façon arbitraire et même irréaliste", assure Raymond Sala avec pour preuves une série d'anomalies concernant le Haut-Vallespir, le partage de la Cerdagne, l'enclave de Llivia et même le dessin par les cartographes de Louis XIV d'une chaîne de montagnes inexistante. De fait, le tracé de la frontière était si imprécis qu'il entraîna la création d'un no man's land, repaire de malfaiteurs et de louches individus.

 

Les dernières bornes de la frontière en 1950

 

Bon gré mal gré, le Roussillon et la Cerdagne se sont trouvés intégrés dans la frontière de fer de Vauban, qui comporte huit places fortes. Perpignan devient ainsi "la sentinelle avancée du royaume" face à la Catalogne et sa capitale Barcelone. Mais, bien que le français soit devenu langue officielle en 1700, le catalan restait la langue de la majorité des habitants, bourgeois ou paysans, la langue de la famille et du commerce. De même, le droit catalan public et privé a longtemps continué de s'appliquer. Et c'est seulement en 1950 que furent mises en place les dernières bornes délimitant la frontière franco-espagnole… Avant de répondre à de nombreuses questions, avec la rigueur de l'historien et sans porter de jugement moral, le professeur Sala a disséqué les multiples incidences du traité des Pyrénées qui s'est toujours heurté à un certain "irrédentisme catalan". Trois siècles et demi plus tard, le département des Pyrénées-Orientales n'apparaît-il pas encore comme "une terre aux deux attaches", riche de sa diversité ?

 

 

LE TRAITE DES PYRENEES

 Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Entrevue de Louis XIV et de Philippe IV dans l'Île des Faisans en 1659. On distingue la fille de Philippe IV, future reine de France, derrière lui.

 Le traité des Pyrénées formalise une paix conclue entre la couronne d'Espagne et la France à l'issue de la guerre franco-espagnole, commencée en 1635 dans le cadre de la guerre de Trente Ans (1618-1648), et ayant continué durant la Fronde.

 Il est signé le 7 novembre 1659 sur l'île des Faisans, au milieu du fleuve côtier Bidassoa qui marque la frontière entre les deux royaumes dans les Pyrénées-Atlantiques. Les rois Louis XIV et Philippe IV y sont représentés par leurs Premiers ministres respectifs, le cardinal Mazarin et don Luis de Haro[1].

 

Sommaire

 

Contexte historique

 En 1648, les traités de Westphalie concluent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatre-Vingts Ans, la France se retrouve en position de force en Europe. La dynastie des Habsbourg, qui régnait sur l'Espagne, les Pays-Bas espagnols, une partie de l'Europe centrale, en ressort affaiblie. En 1658, à la bataille des Dunes entre Dunkerque et Nieuport en Flandre, l’Espagne est vaincue par la France, alliée à l'Angleterre de Cromwell et emmenée par Turenne. À la suite de cette victoire, la Flandre, alors sous contrôle espagnol, passe aux mains des Français. Mazarin pense alors qu'il est temps de négocier et interdit à Turenne de continuer son avancée en Flandre afin de ne pas inquiéter Anglais et Hollandais[2]. Cette défaite espagnole ainsi que la volonté de modération de la France voulue par Mazarin facilitent l'ouverture de négociations[3].

 Négociations

 

Les négociations de paix commencent en juillet 1656 à Madrid, menées par Hugues de Lionne pour le royaume de France et don Luis de Haro pour celui d'Espagne. Elles traînent en longueur car, à l'époque, les traités de paix entre deux royaumes s'accompagnent souvent de contrats de mariage entre les deux familles régnantes, en l'occurrence celui de l'infante Marie-Thérèse, fille aînée du roi Philippe IV d'Espagne, avec son cousin doublement germain (leur père respectif ayant épousé la sœur de l'autre), le roi de France Louis XIV, tous deux âgés de 21 ans[réf. nécessaire]. Pour obliger Philippe IV à offrir son infante à la cour royale de France, Mazarin feint de vouloir marier le roi à Marguerite de Savoie[4].

 

Le contenu

  

Traité des Pyrénées signé par le cardinal Mazarin et Luis de Haro, 7 novembre 1659. Archives nationales AE/III/45 (a)

 

Le texte se présente comme un règlement général entre les familles régnantes des Bourbons et celle des Habsbourg : annexion ou échange de divers territoires en Europe, pardon royal au Prince de Condé, clause de mariage entre Louis XIV et l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche, etc.

 

Les articles 1 à 34 fixent les règlements administratifs, commerciaux, de guerre, etc.

 

Les articles 35 à 41 abordent le cas des Pays-Bas espagnols : la France obtient le comté d'Artois, sauf Aire et Saint-Omer. Elle obtient également les places flamandes de Bourbourg, Gravelines et Saint-Venant, en Hainaut celles d'Avesnes, de Landrecies et de Le Quesnoy, et au Luxembourg, celles de Damvillers, Montmédy et Thionville, ainsi que les prévôtés d'Ivoy, de Chavancy et de Marville[5].

 

En contrepartie, l'Espagne obtient la fin du soutien français au royaume du Portugal, indépendant depuis la révolte de 1640, ainsi que la renonciation des prétentions françaises au comté de Barcelone. En effet, depuis la guerre des Faucheurs de 1641, le roi de France prétendait annexer la Catalogne.

 

Les articles 42 à 60 traitent des territoires des Pyrénées : au sud, la France annexe le comté de Roussillon, les pays de Vallespir, de Conflent et de Capcir et les bourgs et villages de l'est du comté de Cerdagne[6].

 

Le célèbre article 42 prévoit que « les monts Pyrénées qui avaient anciennement divisé les Gaules des Espagnes seront aussi dorénavant la division des deux mêmes royaumes ». Il est souvent dit que ce texte délimite avec précision l'espace territorial des deux puissances. Mais la formulation réelle du traité est très vague et ambivalente. Le texte indique : « la crête des montagnes qui forment les versants des eaux ». Le tracé de la frontière n'est par la suite pas matérialisé sur le terrain, et le texte ne supprime aucunement les droits de « lies et passeries » qui permettent aux communautés paysannes de jouir de coutumes de pacage (pâturage pour le bétail) sur les terres du pays voisin, de l'autre côté de la frontière.

 

Une convention entre les Commissaires de France et d'Espagne, en exécution du quarante-deuxième article du traité des Pyrénées, touchant les 33 villages du comté de Cerdagne qui doivent demeurer au roi de France, est conclue à Llivia le 12 novembre 1660. Deux siècles plus tard, sous le Second Empire, le traité est clarifié (traités de Bayonne) et la frontière terrestre est marquée par 602 bornes sur le terrain.

 

L'article 61 concerne la renonciation par le Roi d'Espagne, à qui l'Empereur avait promis l'Alsace, à toute revendication des territoires alsaciens annexés par la France en vertu du traité de Münster, en échange du paiement par le Roi de France des indemnités qu'en vertu dudit Traité, il doit à l'Archiduc d'Autriche Antérieure, ancien souverain de ces territoires. [Quoi ?][7]

 

Les articles 62 à 78 traitent des duchés de Lorraine & de Bar : Le duc de Lorraine et de Bar, Charles IV, récupère une bonne partie de ses possessions, sauf le duché de Bar. Il retrouve ce territoire au moyen d'une nouvelle négociation avec la France qui se conclut par le traité de Vincennes en février 1661, peu avant la mort de Mazarin.

 

Les articles 105 à 124 fixent les dispositions finales. Néanmoins, certains articles restent secrets : une des clauses du traité est le mariage du roi de France Louis XIV avec l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche, fille aînée du roi d'Espagne et nièce de la reine-mère Anne d'Autriche. Celle-ci renonce à tout droit à la couronne d'Espagne contre le paiement d'une dot de 500 000 écus d'or, somme que l'Espagne n'était pas en mesure de payer (origine de la guerre de Dévolution à la reine entre mai 1667 et 1668) et qui permit à Louis XIV, plus tard, de soutenir les droits à la succession à la couronne espagnole de son petit-fils le duc d'Anjou.

 

Portée

  

Les déesses Minerve, Vénus et Junon accueillent Louis XIV, Anne d'Autriche et Philippe, duc d'Anjou en leur présentant la couronne d'Espagne (Claude Deruet, Allégorie du traité de paix des Pyrénées, 1659).

 

Le traité des Pyrénées est le dernier acte diplomatique d'importance de Mazarin. Suivant les traités de Westphalie, il donne à Louis XIV une stabilité ainsi qu'un avantage diplomatique considérable :

 

  • l'affaiblissement du prince de Condé ;
  • l'affaiblissement de la couronne d'Espagne et la prépondérance de la France en Europe ;
  • la dot de 500 000 écus est un facteur très important. Soit la dot sera versée et les finances de la France se porteront mieux, soit elle ne le sera pas - ce qui sera le cas - et ce sera un élément important en faveur de Louis XIV sur le plan diplomatique ;
  • la future reine de France renonce par là-même, pour elle et sa descendance, à ses droits sur la couronne d’Espagne (origine de la guerre de Dévolution entre mai 1667 et 1668) et qui permettra à Louis XIV, plus tard, de soutenir les droits à la succession à la couronne espagnole ;
  • la cession de certains territoires à la France (l'Artois, le Roussillon, 33 villages de Cerdagne, et plusieurs places fortes en Flandre et au Luxembourg comme Thionville, Gravelines, Montmédy et Philippeville. Le duché de Lorraine sera partagé et verra l'arrivée de casernes françaises) ;
  • la frontière entre les deux royaumes délimitée par plusieurs centaines de bornes. Elle ne sera pas strictement conservée. Sous le Second Empire, elle sera définie par les délégués français de la Commission mixte pour la délimitation de la frontière, ou lors du traité de Bayonne conclu le 2 décembre 1856.

 

La France est désormais la grande puissance de l'Europe, et les Bourbons prennent définitivement le dessus sur les Habsbourg.

 

En 1660, avec la fin de la Première Guerre du Nord, l'Europe est entièrement en état de paix.

 

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