CONCEVOIR, EDIFIER, DECORER UNE EGLISE ROMANE DANS LES PYRENEES par Le Professeur Emmanuel  GARLAND

 

Accous – Partage et Culture en vallée d’Aspe – 6 avril 2019

La conférence du 6 mars porte sur l'art roman. Beaucoup de nos églises de notre vallée d'Aspe sont de ce type, même si ce ne sont pas toutes des œuvres d'Art. Peut-être saurons nous mieux les voir et regarder.

M. Emmanuel Garland va nous présenter cette conférence sur l'art roman

Il est né le 26-12-1954 à Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Ancien cadre de l’industrie, aujourd’hui à la retraite. 

 Diplômé de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris (« Centrale Paris »), et de l’Ecole Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs (ENSPM).

 A soutenu en 1996 une thèse d’Histoire de l’art à l’Université de Toulouse-Jean-Jaurès sur « L’iconographie romane dans la région centrale des Pyrénées ».

 A publié deux ouvrages sur l’art roman et près d’une soixantaine d'articles, portant essentiellement sur différents aspects de l’art roman dans les Pyrénées.

 Membre titulaire de la Société archéologique du Midi de la France, actuellement vice-président des Amis des Eglises Anciennes du Béarn, et de l’Association culturelle de Cuxa (organisatrice depuis cinquante ans des « Journées Romanes »), administrateur de la Société des Sciences, Lettres et Art de Pau (SSLA), et de la Société des Etudes du Comminges.

 

Conférence du samedi 6 avril 2019, à Accous

Concevoir, édifier, orner une église romane dans les Pyrénées.

 

De profonds changements affectent la société à la fin du premier millénaire et au cours des deux siècles qui suivent (11° et 12° siècles) : affaiblissement des pouvoirs centraux et mise en place de la féodalité, émancipation de l’Eglise par rapport au pouvoir des laïcs (réforme grégorienne), regroupement de la population rurale en villages, création de paroisses qui rapprochent le peuple de leurs lieux de culte, évolutions théologiques aboutissant à une sacralisation des églises, devenues « maisons-Dieu », amélioration des outils, domestication de l’énergie hydraulique, etc.

 

Tout cela favorise la mise en chantier de très nombreux lieux de culte au cours de cette période (1000-1200), dont beaucoup sont parvenus jusqu’à nous, marquant ainsi durablement le paysage monumental de nos villes et villages. La façon de les concevoir, de les édifier et de les orner caractérise ce que les historiens de l’art appellent l’art roman, un art à la fois universel (en ce sens qu’il imprime sa marque à l’ensemble de l’Occident chrétien) mais avec des formes propres à chaque région. L’aire pyrénéenne, étendue à son piémont, constitue à ce titre une zone exemplaire. On y voit « le premier art roman » s’imposer en Catalogne (sur les deux versants de la chaîne) dès l’an mil. Cette façon de bâtir et d’orner les édifices par un jeu de formes et de décor monumental caractérisé par des arcatures aveugles entrecoupées de fins pilastres qui accrochent et découpent la lumière et animent les murs extérieurs des églises, leurs chevet en particulier, devient une marque de fabrique que l’on retrouve jusqu’en Aragon, au sud de la chaîne des Pyrénées, et jusqu’aux portes du Béarn, au nord.

 

Après un siècle d’expériences multiples, l’an 1100 marque en nos régions l’avènement du second âge roman : les églises les plus importantes édifient des coupoles en avant du chœur (Sainte-Croix d’Oloron, L’Hôpital-Saint-Blaise, Sainte-Foy de Morlaàs – la coupole a disparu), les murs intérieurs se couvrent de peintures murales (dont les musées de Jaca, de Barcelone ou de Vic présentent des ensembles exceptionnels), les églises se dotent d’une statuaire en bois (crucifix, Vierges à l’Enfant, descentes de Croix) souvent fruste, mais toujours pleine de saveur, les portails s’ornent de tympans sculptés où, au minimum, un chrisme (monogramme du Christ) rappelle la vocation du lieu. En moins de deux générations des ateliers de sculpteurs développent une maîtrise exceptionnelle dont les cathédrales de Lescar et d’Oloron, ou en encore les églises de Moralaàs, de Sévignacq, Lacommande et de bien d’autres lieux témoignent encore. De fait la multiplication des chantiers, humbles ou prestigieux, conduisit peu à peu à l’uniformisation de certaines formes et types de décor, mais aussi à une rapide amélioration des techniques picturales et lapidaires dont les plus belles réalisations régionales forcent encore notre admiration. Aux portes d’Accous, l’église de Jouers est un parfait exemple de ce type de réalisation rurale qui allie une architecture des plus simples, avec nef unique et abside semi-circulaire, un portail (aujourd’hui muré) timbré d’un chrisme et, au chevet, une belle corniche de modillons de belle facture dont l’un nous livre même le nom de sa donatrice : Florence !

© Emmanuel Garland – 14 avril 2019, docteur en Histoire de l’Art

 

Les photos qui suivent, sont la propriété de M. Garland. Merci de ne pas les utiliser.

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