UNE HISTOIRE DE L’ENVIRONNEMENT DES PYRENEES
OU
L’HISTOIRE DU CLIMAT ET DES HOMMES
A PARTIR DES ARCHIVES NATURELLES
Conférence de M. GALOP
Voilà un titre bien curieux pour une conférence !! Et pourtant elle fut très instructive et appréciée, sur un sujet totalement inconnu des participants.
La première surprise a été la découverte de ce que sont les archives naturelles. Elles permettent de remonter à plus de 12000 ans. Ce ne sont donc pas des écrits, mais les milieux ou se sont accumulés des marqueurs du climat, des températures et de la présence des hommes.
Ainsi ont été déterminés les marqueurs. Ce sont des pollens, des restes d’insectes, des algues, des traces de pollutions traduisant la présence humaine. Pour chacun de ces marqueurs il a été déterminé de quoi ils étaient les témoins, que ce soit en température, pluie, végétation, sécheresse,
Ces marqueurs sont recherchés dans des milieux naturels tourbières ou vase des lacs anciens d’altitude, ou les prélèvements se font par carottage. Ces carottes sont ensuite analysées en laboratoire par tranche de profondeur et les résultats reportés sur des graphiques fort complexes d’apparence.
Au-delà de la complexité c’est ce qu’elles montrent et dont M. Galop, le conférencier nous a présenté la « lecture »
Apparait ainsi l’histoire de la végétation forestière, indicatrice des évolutions du climat sur la longue durée, de la fin du glaciaire à l’actuel, Il ressort un cycle climatique sur 130.000 ans. Nous sommes partis d’une végétation clairsemée au glaciaire, puis les genévriers et bouleaux, puis les chênaies mixtes au plus haut du cycle, puis au début de la phase régressive des températures, il y a 5000 ans sont apparues les charmes, hêtres et sapins. Nous aurons aussi une phase d’abaissement des températures… mais dans 5000 ans !!!
A aussi pu être établi, au niveau du climat une courbe des températures et des précipitations depuis 12000 ans dans nos Pyrénées !!
Ces analyses ont aussi montré l’histoire des activités humaines en Béarn, tirée des enregistrements de la tourbière du Gabarn.
Le premier élément a été la conquête de l’espace agraire, essentiellement pour l’élevage, ainsi, il apparait que le Benou et Anéü étaient déjà des espaces de pastoralisme il y a 7000 ans. Ceci est d’ailleurs corroboré par les recherches archéologiques réalisées à Anéü.
On peut ainsi suivre sur 3000 ans, vers -6 5000 ans la progression de la conquête Agro-pastorale des Pyrénées suivant les altitudes
Ces éléments nous montrent la concomitance de cette conquête avec l’histoire des incendies, importantes entre il y a 5 à 8000 ans et qui correspondent au défrichage fait par l’homme pour dégager des espaces et s’installer.
Une autre activité humaine a laissé des traces : c’est l’arrivée de la métallurgie il y a 3500 ans Elle s’est faite sur différents métaux contenus dans les mines locales. Leur trace est due à consommation de bois (et donc des cendres) pour fondre les métaux.
Un dernier élément nous a été relevé. Depuis 8000 ans pratiquement toutes les courbes relatives aux activités humaines vont dans le même sens : agropastoralisme, transhumance, métallurgie, déforestation. Mais au milieu du XXème siècle, toutes ces courbes s’inversent, avec une baisse de l’agropastoralisme, de la métallurgie et une reprise très rapide de la reforestation dans tout le massif des Pyrénées.
A notre surprise , il est apparu que la biodiversité souffrait très fortement de l’abandon des estives et qu’il était important, sur ce plan là de les conserver, avec tout ce qui peut concourir à leur préservation, y compris l’écobuage.