GUERRES DE RELIGION EN BEARN par Philippe CHAREYRE

M. Philippe CHAREYRE est professeur en Histoire Moderne à l'UPPA, Docteur d'Etat es lettres et Sciences humaines

 

Mandats et responsabilités actuelles :
 
Universitaires au sein de l’UPPA :  Directeur de l’équipe de recherche ITEM (EA 3002)  Membre du conseil de l’UFR de LLSHS  Membre du Conseil de la recherche en LLSHS

 

Domaines de recherche
 
Histoire du protestantisme dans la France méridionale. Religion et politique.  Étude des assemblées représentatives. Assemblées religieuses et contrôle social. Identités minoritaires. Frontières religieuses et coexistence en Béarn XVI-XVIIe siècle La Réforme à Nîmes d’après les assemblées consistoriales et synodales.

 

 

1569
Dans tout le Pays, on parle des Guerres de Religion, Pour le Béarn on parlera plutôt de la guerre de religion puisqu’il n’y en eut qu’une

 

La conférence est traitée sur trois points :

-          La guerre de Béarn

-          Une guerre civile

-          La vallée d’Aspe dans la guerre

 

La guerre de Béarn

 

Le Béarn est pris dans la troisième guerre de religion (août 1568-août 1570) en France. Jeanne d'Albret a rejoint les chefs huguenots à La Rochelle.

 

 Charles IX déclare la confiscation de la vicomté souveraine de Béarn et ordonne la mise sur pied d’une armée de « protection » (des catholiques) confiée au baron de Terride.

 

13 mars, Condé, beau-frère de Jeanne est battu et tué à la bataille de Jarnac, Offensive de l’armée de « protection » :

 

Avril 1569, invasion du Béarn au nom du roi de France par l’armée dite « de protection » du baron de Terride

 

L’invasion :

 

- 2/3 avril 1569 Pontacq est prise. Les maisons des protestants sont pillées. Prise par surprise et saccage de Nay le 7 avril.

 

- Avril 1569, Les Basques de Charles de Luxe rejoignent l’armée de protection

 

-Avril 1569, Les barons béarnais de Gerderest et de Navailles se rendent maîtres du Vic-Bilh
Neuf compagnies royales de Gascons sont accueillies à Lescar mais pillent la ville et maltraitent l’évêque, Louis d’Albret.

 

- 15 avril Orthez capitule
Sauveterre est pillée par les Basques, malgré sa reddition
Bellocq abandonné par ses habitants est entièrement détruit

 

Reddition de Pau devant Terride. Henri de Navailles sieur de Peyre nommé gouverneur s’empare des 12 pasteurs qui s’étaient réfugiés dans le château, 7 seront mis à mort. Pierre Viret membre éminent de la réforme  est  conservé comme monnaie d’échange.

 

24 mai-20 juillet 1569 : Le siège de Navarrenx défendu par le baron d’Arros

 

Les forces en présence :

500 soldats et 1 000 civils aux  cotés de la reine

 

13 000 assiégeants :
dont (4 000 Gascons, 6 000 Basques et 2 000 Béarnais,
 

12 compagnies de cavalerie 20 pièces d’artillerie)

 

Moyenne de 25 coups de canon par jour,  1743 durant tout le siège,  le 24 mai, il y eut 74 coups de canon.

 

6 juin, les assiégés apprennent qu’une armée de secours est en cours de constitution.

 

La reconquête

 

Financée par les bijoux de la couronne de Navarre engagés auprès d’Elisabeth Ière d’Angleterre dont le rubis balais (rose).

 

10 juillet commission donnée à Gabriel de Lorges, vicomte de Montgomery

Rassemblement à Castres de 28 compagnies le 27 juillet : Pays de Foix,

Prise de Saint-Gaudens, n’assiège pas Tarbes.

 

août 1569, début de la reconquête par l’armée « de secours » sous le commandement de Montgomery

 

6 août à Pontacq,

 

7 août à Betharram,

 

9 août devant Navarrenx.

 

Le siège est levé.

 

Le Bilan est lourd : 40 morts côté assiégés contre environ 1000 du côté des assiégeants.

 

8 août, Terride s’enferme dans Orthez.Prise de Départ. Traversée du Gave. Escalade des remparts. Prise de la ville. Massacre.

 

15 août La reconquête  Terride et ses officiers réfugiés dans la tour Moncade capitulent deux jours.

 

21 août, Montgomery arrive à Lescar

 

22 août, il entre à Pau d’où Peyre s’est enfui abandonnant ses prisonniers.

 

24 août, massacre à Navarrenx des otages d’Orthez.

 

 

 

La mise en défense

 

Prise de Lourdes et de Tarbes.

Formation du glacis bigourdan

Riposte du roi de France :

 

septembre 1569, Monluc, gouverneur de Guyenne, marche sur Mont-de-Marsan, place protestante devant laquelle les catholiques avaient échoué à plusieurs reprises. Ayant réussi à s'emparer de la ville, il ordonne le massacre de la garnison

17 juillet 1570 échec de la seconde armée « de protection » conduite par Blaise de Monluc devant Rabastens et Montaner,

 

Le retour à la paix

8 août 1570 : Retour à la paix en France par l’édit de Saint-Germain; fin de la troisième guerre de religion

juin 1572, mort de Jeanne d’Albret

Noces d’Henri de Navarre et de Marguerite de Valois

 

24 août 1572 Saint-Barthélemy

 

La Réforme institutionnelle est accélérée grâce à la victoire militaire qui assimile les catholiques à des traîtres (lèse-majesté)

 2 octobre 1569 : saisie des biens ecclésiastiques

 28 janvier 1570 : interdiction de l’exercice du catholicisme

 26 novembre 1571 : Ordonnances ecclésiastiques en 77 articles

 

 

UNE GUERRE CIVILE

 

Les fidèles à Jeanne

Bernard baron d’Arros, lieutenant général

Bernard d’Astarac baron de Montamat, lieutenant général

Henri d’albret, sieur de Miossens

Fortic de Brassalay

Jean, seigneur de Lons

 

Ceux de la Protection (catholiques)

Gabriel de Béarn, baron de Gerderest

Henri de Navailles, sieur de Peyre

François de Béarn, sieur de Bonasse

Jacques de Sainte Colome sieur d’Esgoarrabaque

Armand de Gontaut, sieur d’Audaux

Guy Biran de Gohas

 

Les administrateurs au service de la Protection

Martin de Luger, syndic de Béarn

Jean d’Etchart, procureur général au conseil souverain

Jean Supersantis

Claude Régin, évêque d’Oloron

 

Les Navarrais

Charles, comte de Luxe

Valentin de Domezain

Jean d’Armendaritz

Antoine, vicomte d’Etchaux

 

Les Navarrais fidèles à Jeanne

Les Belsunce

Armendaritz, vicomte de Méharin

Antoine de Gramont

 

Au-delà du nom des protagonistes, il faut bien avoir à l’esprit que la prise des villes et des bourgs était accompagnées de grandes cruautés . Nicolas de Bordenave fait plusieurs récits sur la prise de Nay, les exécutions de Pau, ou encore la prise d’Orthez

 

 

ET EN VALLEE D’ASPE

 

Il n’y eut pas de guerre aussi cruelle que dans le piémont. Cependant des personnalités aspoises, à la tête de leurs troupes sont intervenues au cours de cette guerre, le plus souvent en appui des armées catholiques. Il n’est pas noté qu’ils aient participé aux batailles.

 

Il s’agit de :

SUPERSANTIS et le complot de 1567
BONASSE
MIRAMONDE DE LOUSTEAU

 

UN ETRANGE PETIT VILLAGE" en 1844 :  LES PREMICES DU REVEIL A OSSE-EN-ASPE  D’APRES ÉLISABETH GRANT

 

 Philippe CHAREYRE

Aujourd’hui [vendredi 31 mai 1844], pendant que les chevaux étaient au repos, nous traversâmes la rivière et, par un chemin de montagne tortueux, nous arrivâmes à un étrange petit village très laid d’environ quatre-vingt maisons, misérables, toutes sales et à demi en ruine où vivaient trois cents protestants qui, ainsi isolés de leurs frères de la religion réformée, avaient maintenu la vraie foi pendant ces presque trois cents ans depuis le temps des Albigeois [Albigenses]. D’après leur aspect pitoyable, je suppose qu’il y avait eu aussi des mariages consanguins. Ils sont en bonne voie de progrès maintenant, car ils ont un jeune homme très intelligent comme maître d’école, mais un pasteur des plus stupides pour freiner les progrès. J’ai trop sommeil pour en écrire plus….. [01/06/1844] J’ai trouvé l’école de ce misérable petit village d’Osse organisée selon le même plan que nos écoles nationales. Des inscriptions sur les murs, un grand tableau noir, d’excellents livres progressifs préparés par la Société Évangélique de Paris qui fournit généreusement toutes les communautés réformées et paie un salaire modeste aux enseignants qui sont formés dans ses Écoles Normales. Les pasteurs sont payés par le gouvernement en fonction du nombre de leurs ouailles – un petit salaire apparemment –  car c’est dans une très pauvre demeure que vivait le pasteur d’Osse très humble, mais propre avec un air de bonne économie avec ses étagères de cuisine pimpantes, les rouets, les pelotes de laine et les jambons fumés suspendus aux murs. La duchesse de Gordon a fait cadeau de la lampe qui pend dans le modeste temple [simple church]. Une grande souscription a été lancée parmi les Anglais de Pau pour agrandir l’école.

 

Elizabeth Grant de Rothiemurchus séjourne à Pau de l’été 1843 à 1845 au sein de la colonie anglaise. Elle y a été attirée notamment par l’excellente réputation de la ville comme station climatique, pour tenter d’améliorer l’état de santé de sa plus jeune sœur Mary, gravement malade. Plusieurs expéditions vers les Pyrénées sont l’occasion de bénéficier des soins des établissements thermaux, mais également de pratiquer une activité nouvelle, le tourisme. Un extrait de ses mémoires relate une journée passée en vallée d’Aspe, le vendredi 31 mai 1844. Partie d’Oloron, elle remonte la vallée en passant par Sarrance, Bedous, Accous et pousse jusqu’à Urdos1. Faisant étape à Bedous, le temps de donner aux chevaux un peu de repos, elle pousse une courte visite jusqu’au village d’Osse-en-Aspe. Les notes consignées dans son journal le soir même de cette épuisante journée et poursuivies le lendemain donnent une brève mais pittoresque description d’une communauté protestante déchirée, à une période charnière de son histoire. Les archives de la consistoriale d’Orthez ainsi que les registres de l’église d’Osse2 permettent d’éclairer la vision portée par cette étrangère de passage et d’en nuancer les propos, fortement influencés par le groupe évangélique naissant mais actif.

 

 « UN PASTEUR DES PLUS STUPIDES… »

 

 Partant de Bedous, Elizabeth Grant franchit donc le gave d’Aspe pour se rendre à Osse, probablement pour satisfaire sa curiosité éveillée par la persistance d’une communauté protestante isolée en terre catholique dont elle a eu connaissance au cours des contacts noués avec les protestants palois. C’est d’ailleurs cette seule communauté béarnaise, en dehors de Pau, qui retient son attention. Son récit laisse penser qu’elle fut reçue par le pasteur Henri-César Mazauric, l’instituteur protestant Jean-Pierre Lebrat, et vraisemblablement Pierre Fox, le membre le plus influent du conseil presbytéral. Elle ne prend en considération que les 380 fidèles de cette église, en omettant de signaler les 418 catholiques qui résident dans le village. La demeure qu’occupe le pasteur, la maison Laplacette, lui paraît « très humble » à l’image de l’impression que lui laisse l’ensemble du village, mais « propre avec un air de bonne économie », ce qui n’est pas le cas des « 80 maisons misérables, toutes sales et à demi en ruine » dont la description jure avec celle de Sarrance1. Henri-César Mazauric attire pourtant sur lui  un bien cruel jugement, « un pasteur des plus stupides pour freiner les progrès », alors que l’instituteur apparaît sous les traits d’un « jeune homme très intelligent »2. Lady Elizabeth Grant n’a perçu que l’écume d’une profonde discorde qui agite depuis quelques années la communauté réformée aspoise. Le 18 mars 1838, Pierre Doumecq, ancien de l’église, écrit à Joseph Nogaret, président de la consistoriale : « L’église d’Osse est dans le plus triste état, les esprits sont très exaltés de part et d’autre. Le dimanche que j’étais à Salles, il y eut un vacarme extraordinaire dans le temple ; on faillit en venir aux mains. Dieu veuille plier tous les cœurs à son amour et à son obéissance et mettre un terme à ces scandales si nuisibles à l’édification »3. Trois pétitions  furent envoyées par quelques membres du conseil presbytéral au ministère des Cultes entre cette date et 1843, qui provoquèrent à chaque fois l’arbitrage du consistoire. Alfred Cadier, dans sa monographie, ne peut cacher cette discorde dont le souvenir lui fut vraisemblablement rappelé à son arrivée à Osse, et dont il put lire les échos dans le registre de la paroisse ; évoquant le ministère de Mazauric, il déplore pudiquement la « fâcheuse opposition que lui firent certains membres de l’église » dans les dernières années de son ministère4.

 

Quel crime avait donc commis le cévenol Henri-César Mazauric, pour s’attirer tant d’animosité ?  Originaire de Saint-André de Valborgne, Henri-César Mazauric, après avoir aidé les pasteurs de Sauveterre et de Salies-de-Béarn, est arrivé à Osse en 1826, à l’âge de 36 ans, afin d’« exercer une place non encore remplie depuis sa création »5. Il est accompagné de son épouse Élisabeth Saumade qui y décédera en 18406,  et de sa fille aînée Louise Élisabeth Zulma née en 1823 ; sa seconde fille, Aspasie y naîtra quelques mois plus tard, le 13 mai 1827.  L’essentiel de son œuvre a consisté en la réparation et en l’embellissement du temple d’Osse. Celui-ci est tout un symbole. Réédifié en 1805 sur l’emplacement de l’ancien par la communauté protestante réchappée des persécutions dont elle a fait l’objet durant plus d’un siècle, son seuil est surmonté d’une pierre provenant de l’ancien temple sur laquelle est inscrite : « Bethel, temple des protestans » ; de fait ce temple est nommé dans les délibérations « Bethel ». Cette entreprise de rénovation a mobilisé une grande partie de l’activité du pasteur qui s’emploie à obtenir les fonds nécessaires au chantier, celui-ci occupant la première place    

 

Dans les délibérations de l’église jusqu’en 1845. Il faut dire qu’en 1830, la charpente vermoulue s’était effondrée sous le poids de la neige et que celle reconstruite un an après en bois insuffisamment sec, fut attaquée très rapidement par les vrillettes, à tel point qu’il fut décidé en 1836 de procéder à sa reconstruction. La nouvelle charpente en chêne fut terminée en 1840. Il restait à enduire le plafond de plâtre et à ravaler la façade. La réalisation de la chaire, des bancs, du parquet occupèrent Mazauric jusqu’à la fin de son pastorat.  Sa grande application aux tâches immobilières se retourna contre lui. Il fut en effet accusé par une partie de son conseil d’avoir favorisé son principal soutien, Pierre Fox, maître charpentier de profession, qui fournit l’essentiel du bois de charpente et fut chargé de la réalisation du mobilier. Cette attribution ne fut pas sans provoquer des contestations au sein d’une communauté qui s’était fait du travail du bois, une spécialité qui la distinguait du reste de la population. Une première pétition, en 1838 est réalisée à l’instigation de Jean Lagunpocq. « Jean Lagunpocq, écrit Mazauric relatant à Nogaret l’altercation qu’il eut la veille en conseil presbytéral, croit que nous avons mal employé l’argent du gouvernement, et que nous avons fait une injustice en indemnisant Pierre Fox de la perte qu’il essuyait ; cela est faux… »1. Le 24 décembre, Jean Lagunpocq déclare « hautement » qu’il donne sa démission du conseil presbytéral2. Elle sera suivie en février de celles de Pierre Lembeye et de Lasserre, puis en mai de Joseph Latisnère, chantre et ancien3. Deux nouvelles pétitions furent émises, puis retirées après arbitrage du consistoire qui procéda à la réconciliation du pasteur avec ses fidèles le 30 janvier 18404. Les démissionnaires purent enfin être remplacés, au cours de la séance du 22 février. 

 

Mais les tensions au sein de l’église furent promptes à renaître.

 

Mazauric eut sans doute à lutter pour s’imposer au sein de la communauté. Il apparaît être appuyé essentiellement par deux personnages, Jean Clément Doumecq qui occupe la charge capitale de trésorier en ce temps de construction, et surtout Jean Fox. Il a pu bénéficier pendant quelques mois de la présence de son frère, Scipion Mazauric auquel Jean Clément Doumecq céda sa place dans l’assemblée de l’église en janvier 1832 ; mais neuf mois plus tard, Scipion Mazauric se retire définitivement à Saint-André de Valborgne pour « affaires de famille », rendant son  siège à Doumecq

 

 Quelques années plus tard, Mazauric s’oppose à la décision abusive du conseil presbytéral qui, constatant les difficultés à faire rentrer les fonds nécessaires pour s’acquitter des frais occasionnés par les travaux, a délibéré le 24 octobre 1843 de priver des cérémonies du culte (baptême des enfants, réception à la Sainte Cène, bénédiction des mariages et assistance aux sépultures), tous ceux qui ne se seraient pas acquittés de leur cotisation. Le pasteur fut contraint de recourir à l’aide de J. Nogaret qui par une lettre du 14 mars 1844, déplore cette nouvelle division, menace le conseil « malheur à celui par qui le scandale arrive » souligne-t-il dans sa lettre, lui recommandant de prendre une nouvelle décision annulant la précédente ; ce fut chose faite.

 

Les raisons initiales de l’hostilité envers Mazauric pourraient s’expliquer par la sensibilité du personnage qui, dans la droite ligne de la Réforme du XVIe siècle se serait heurté aux traditions locales de l’« aurost ». Parmi les plaintes formulées à son encontre en 1838, figure son refus de prononcer des oraisons funèbres sur les tombeaux ; le consistoire le conforta dans cette position, l’autorisant simplement à procéder en ces circonstances à la lecture de la liturgie funèbre. La raison invoquée n’est plus celle qui avait cours au XVIe siècle ; il ne s’agit désormais plus de combattre les superstitions, mais de respecter l’égalité devant la mort « sans distinction de rang et de fortune »1. Le consistoire maintient encore sa position en 1840 précisant que le pasteur devra se borner à lire « la formule liturgique précédemment adoptée par le consistoire »2.  Il était bien difficile pour un pasteur de s’imposer dans une église qui n’en avait plus eu à demeure depuis plus d’un siècle et demi.

 

Mazauric aura sans doute négligé la vie spirituelle au profit du relèvement matériel, mais cette volonté n’était-elle pas initialement celle de la communauté toute entière ? D’une santé chancelante, déjà en 1838, il ne peut se rendre à Orthez pour se justifier des plaintes formulées à son encontre ; dans une lettre adressée en février 1840 à Joseph Nogaret, il évoque les « souffrances terribles » provoquées par sa maladie dont il n’est pas encore « bien guéri » ; son épouse également malade décédera un mois plus tard3. Ce rationaliste, homme des Lumières fut-il franc-maçon ? les trois points qui accompagnent sa signature pourraient le laisser envisager.

 

« SON ZELE N’EST PAS TOUJOURS A LA HAUTEUR DE SES DEVOIRS » 

 

 Les attaques en règle qu’eut à subir le pasteur d’Osse, loin de s’arrêter aux rivalités de personnes ou aux aspects financiers de la gestion de la paroisse, furent cependant bien plus cruelles.

 

Mazauric eut à faire face en 1838, à de virulentes critiques sur son ministère. Les dissensions furent telles que le consistoire envoya en inspection les pasteurs Nogaret de Salies, son président, et Gabriac d’Orthez pour y mettre un terme. Un règlement fixé lors de l’inspection précisait désormais les tâches du pasteur : commencer les séances du consistoire par une prière et les terminer par une action de grâce ; assurer une séance de catéchisme le dimanche après-midi ; ne pas se borner à visiter les malades mais travailler à éteindre les discordes familiales ; le jeudi soir une prière et une lecture de l’Écriture devaient être organisées, de même qu’un service de préparation à la communion les veilles de cène ; il était préconisé aux anciens d’être exemplaires ; pasteur et anciens devaient exhorter les fidèles à participer au culte, de même qu’était recommandé le recrutement d’un chantre5. Ce règlement n’apporta pas la paix dans l’église. Il n’empêcha pas une partie du conseil d’envoyer une pétition au ministre des cultes qui contraignit le consistoire à examiner de plus près l’action pastorale de Mazauric. Celui-ci fut blâmé au nom du consistoire, « de l’indifférence coupable, de l’apathie malheureusement trop fréquente qui décolorent ses prédications. Lire les sermons d’autrui est une espèce de plagiat irréligieux. C’est exciter les auditeurs au dégoût du service divin par l’indifférence que l’orateur chrétien semble vouloir propager lui-même du haut de la chaire évangélique… Le consistoire ne peut que lui prescrire de composer ses sermons. Ce devoir est impérieux… »6. Néanmoins, le consistoire reconnaissait sa « probité et dignité », et que l’accusation de négligence de l’instruction religieuse était exagérée ; il concluait que le pasteur « n’a pas mérité de perdre son ministère ». La nomination d’un chantrelecteur en la personne de l’ancien, Joseph Latisnère, en octobre, contribua sans doute à compléter l’action pastorale du ministre qui se préoccupa de procurer à sa paroisse deux coupes en étain pur de Cornouailles pour la cène, par l’intermédiaire de son confrère de Bordeaux7. Les tensions demeurèrent vives ; la pétition de Jean Lagunpocq relance la querelle. Pour Mazauric il ne s’agit que d’un nouveau prétexte pour l’évincer de son ministère : « Ah ! Mr le Président et cher frère                                                   

 

 13 [Nogaret], je suis convaincu avec les personnes clairvoyantes de mon église, que Jean Lagunpocq est soudoyé par quelques-uns de mes adversaires et que c’est un nouvel instrument employé pour me perdre »1.  Ce conflit, ainsi qu’il a été vu, ne s’éteindra qu’en janvier 1840.

 

« UN JEUNE HOMME TRES INTELLIGENT COMME MAITRE D’ECOLE… »

 

 Quels sont donc ces « adversaires » acharnés qui souhaitent pousser Mazauric au départ ? Leurs noms ne sont pas évoqués ; il faudrait pour cela une étude plus poussée qui n’apporterait guère de précisions sur le fonds de l’affaire. Au-delà des accusations matérielles, le cœur du débat demeure religieux. Le pasteur est un libéral du début du XIXe siècle qui, malgré le respect des prescriptions cultuelles pastorales qui lui sont fixées par le consistoire en 1838, sans charisme, ne peut animer prières et réunions d’une ferveur inspirée par le courant évangélique du Réveil. Or Osse, bien que village de montagne, n’est pas isolé ; situé dans une vallée accessible qui se trouve sur un axe de communication ancien entre la France et l’Espagne, il n’a cessé d’être en contact avec les autres églises béarnaises auxquelles il est historiquement rattaché.  La lutte contre l’impiété semble avoir préoccupé les anciens. En janvier 1833, il est décidé de faire appliquer le règlement national sur la première communion en insistant particulièrement sur l’âge requis, entre 16 et 20 ans2. En février 1838 est évoqué le cas de Pierre Latour Larrie qui présente son fils au baptême bien que son mariage n’ait pas été béni par l’église ; il déclare qu’il n’a pas voulu se résoudre à être marié par un prêtre, ni à contraindre son épouse à se marier au temple « pour conserver la paix dans sa famille ». La majorité des anciens accepte ce baptême, sauf Jean Fox qui s’y oppose en exigeant une bénédiction nuptiale préalable « et du pasteur protestant et du pasteur romain »

 

L’ouverture au renouveau religieux du protestantisme transparaît au travers de quelques éléments des délibérations.  Au cours de la séance du 1er janvier 1841, il est décidé de répondre favorablement à la circulaire de la Société Biblique Protestante de Paris qui propose de distribuer une Bible gratuitement aux nouveaux mariés, ainsi qu’un Nouveau Testament aux catéchumènes ; à la Pentecôte, une cotisation annuelle est fixée à cet effet4.  Elizabeth Grant souligne par son témoignage, l’intervention de la communauté anglicane de Pau ; la duchesse de Gordon, écossaise comme elle, donatrice de la lampe du temple d’Osse, venait de faire édifier la Christ Church, temple anglican de Pau inauguré en 18415. Elle fut sans doute également à l’initiative de la souscription lancée pour l’agrandissement de l’école d’Osse. Elizabeth Grant, admiratrice de Léonard Buscarlet, pasteur évangélique de l’église Pau « so remarkably eloquent »6, a choisi son camp. C’est précisément l’école qui devint le centre institutionnel de la contestation. Elle avait été fondée en 1841 à la suite d’une décision prise à la fin de l’année précédente7. Cette école connut un grand succès, recevant dans un premier temps une quarantaine d’enfants de 4 à 15 ans. J.-P. Lebrat, originaire du Chambon-sur-Lignon, le « jeune homme très intelligent » qui fut nommé pour en prendre la direction, avait été formé dans l’école normale de la Société Évangélique de Paris, comme le laisse entendre Elizabeth Grant ; il est bien cité comme « instituteur évangélique » dans le registre d’Osse8. L’animosité qui s’installe rapidement entre les deux hommes, signalée par Elizabeth Grant, est attestée par ce même registre lorsqu’il s’agit le 28 février 1845, de nommer un nouveau chantre/lecteur : « Ici s’est élevé un incident relatif à une espèce de mésintelligence et de froideur qui depuis temps semblaient régner entre M. Mazauric et M. Lebrat, instituteur évangélique ». Le pasteur s’oppose en effet à la désignation de Lebrat qui aurait constitué pour lui un désaveu « théologique ». Le consistoire, après avoir entendu les deux parties, plébiscita à l’unanimité l’instituteur. Cette séance fut la dernière que présida Mazauric. Les appels réitérés à la réconciliation de son église  en « état de tiraillement, de malaise et de trouble » depuis sept ans, constituent un message d’adieu teinté d’amertume1. Sans doute fut-il très affecté par cette nomination ; de santé fragile, il décéda trois mois plus tard et fut inhumé dans le cimetière d’Osse2. Il fallait un pasteur de choc pour reprendre en mains cette communauté longuement divisée. Les candidatures furent examinées le 6 juillet, et Nicolas Gerber, nommé le 30 mars 1846, fut reçu le 18 octobre. Originaire de Sainte-Marie-auxMines, il avait été suffragant à Nérac, mais tenait sa réputation de la fondation de l’église de Troyes et de l’aumônerie de la maison centrale de Clairvaux. Cet artisan énergique du réveil libéral fut un précurseur des Cadier qui lui succédèrent en 1871, après les courts séjours de deux autres pasteurs.  Il s’intéressa à l’histoire de cette communauté, mais surtout s’appliqua à la raffermir. En 1848, un pasteur darbyste, qui n’est certainement autre que J. N. Darby lui-même, lui annonce sa venue, et sans doute lui demande-t-il de pourvoir à son accueil et à son hébergement. Il existait un risque d’implantation de ce courant qui aurait pu s’appuyer sur la tradition de fonctionnement congrégationaliste de la communauté au temps du Désert. La réponse de Gerber, soigneusement recopiée dans le registre du consistoire, fut sans équivoque : « nous considérons le darbysme comme une hérésie dangereuse… » ; il poursuit en affirmant que non seulement il ne le recevra pas, mais s’emploiera à faire en sorte qu’il ne soit reçu.

 

 Il retournera en Champagne dix années plus tard, ayant réussi la pacification de l’église d’Osse.

 

 « UN ETRANGE PETIT VILLAGE… »

 

 La description qu’Elizabeth Grant donne du village d’Osse est peu flatteuse. C’est bien une curiosité historico-religieuse qui la conduit en ces lieux. Le maintien de « la vraie foi pendant ces presque trois cents ans » malgré l’isolement constitue pour ellemême comme pour l’ensemble des visiteurs protestants, un témoignage de la supériorité et d’une certaine façon de la légitimité de la Réforme. Cependant, sa relation est loin d’être idyllique car son premier élan est freiné par la constatation toute subjective de « leur aspect pitoyable, je suppose qu’il y avait eu aussi des mariages consanguins ». Ce jugement n’est pas pour autant totalement défavorable, car il érige les Ossois en victimes des persécutions dont les protestants furent l’objet en France. Elle participe ainsi de la redécouverte du Moyen Âge par son époque, mais plus précisément du mouvement historiciste qui parcourt le réveil protestant, bien que ses connaissances approximatives confondent la naissance de la Réforme et du mouvement albigeois. Néanmoins, cette filiation établie entre protestantisme et catharisme est déjà ancienne ; peut-être en at-elle pris connaissance à l’occasion de son passage dans les vallées ariégeoises ? Ses propos reflètent un thème qui suscite un intérêt renouvelé ; cette même année 1843, Napoléon Peyrat venant de terminer une histoire des pasteurs du Désert, se lance dans la rédaction de son histoire des Albigeois qui ne paraîtra qu’en 1870-72, Charles Schmidt achève celle de son histoire de la secte des cathares ou albigeois qui sera publiée  en 1848-18495.

 

Paroisse, conservatoire d’une foi pure et ancienne, termes repris par Elizabeth Grant : « Cette église située au sein des plus hautes montagnes du département des BassesPyrénées, se trouve éloignée de plus de dix lieues de toute autre église protestante. Avec ses mœurs toutes pastorales, elle a su conserver les principes de la Réformation dans toute sa pureté, braver les persécutions et les orages révolutionnaires, s’acquitter en toute conscience de ses devoirs envers Dieu et la Patrie, chérir la simplicité et la pauvreté »1. Le pasteur Nicolas Gerber renouvelle la fiction de l’isolement, et s’inspirant vraisemblablement des récentes théories de Gobineau2, récupère et valorise l’hypothèse de la consanguinité : « depuis la réformation, le plus pur sang aspois est celui des protestants, car eux, à très peu d’exception près, ne se sont jamais alliés à des étrangers. Ils se sont toujours mariés entre eux et le font encore. La différence physique était encore visible à la fin du dernier siècle. Les protestants étaient généralement des hommes de haute stature et forts en proportion. Ils paraissaient surtout comme des colosses quand, en guise de veste, ils portaient sur leurs épaules la peau de brebis »3.  Lady Grant avait assisté à la naissance de l’historiographie protestante de la communauté d’Osse qui aboutit à la magistrale monographie de ce « glorieux débris », publiée en 1892 par Alfred Cadier4. Osse entrait dans la légende héroïque du Désert, sur un modèle tout cévenol dont le malheureux Mazauric, originaire de SaintAndré de Valborgne, avait esquissé l’épure5.

 

Le pasteur Henri-César Mazauric eut le double handicap d’être le premier pasteur d’une communauté qui s’était accoutumée à se gérer elle-même, et rongé par la maladie, il fut incapable de répondre aux nouvelles aspirations religieuses d’une partie de son église. Lady Grant, qui ne pouvait que lui être défavorable, s’en fit involontairement l’écho.  Cette période difficile intervient par ailleurs dans un temps où la pression démographique atteint son plus haut degré ; les pasteurs qui lui succéderont, auront en revanche à lutter contre la dispersion.

 

 

Protestantisme en Bearn

 

Histoire du protestantisme en Béarn

 

/// Les origines de la Réforme en Béarn 

 

Au XVIe siècle, le Béarn jouit d’un statut particulier : c’est une vicomté souveraine, c'est-à-dire un État indépendant. Marguerite d’Angoulême, l’épouse du souverain Henri II d’Albret, et sa fille Jeanne d’Albret ont joué un rôle prépondérant dans le développement de la Réforme en Béarn. Marguerite est sensible aux changements de son temps ainsi qu'aux idées nouvelles. Tout en demeurant catholique, elle entretient une correspondance avec Jean Calvin. Jeanne d’Albret hérite du pouvoir en Béarn à la mort de son père en 1555. De plus en plus attirée par les idées de la Réforme, elle franchit le pas le jour de Noël 1560, en prenant la Cène sous les deux espèces en l'Église Saint-Martin de Pau. Elle s'emploie alors à gagner les Béarnais à la nouvelle religion. En 1566, elle installe à Orthez une académie protestante qui sera transformée en université par son fils Henri en 1583. Pierre Viret, ami de Calvin, arrive alors en Béarn, appelé par Jeanne d'Albret pour conduire la réformation. En 1569, le Béarn est envahi par les troupes catholiques françaises et navarraises, qui reçoivent l'aide de quelques catholiques béarnais. Après avoir reconquis le Béarn, Jeanne d'Albret en profite pour bannir le catholicisme de la vicomté. En 1571 le protestantisme devient la religion officielle du Béarn.

 

/// Henri IV et le protestantisme

 

Henri de Navarre succède à sa mère, Jeanne d’Albret, en 1572. De confession protestante comme elle, il prend la tête du parti huguenot français. A la mort du roi Henri III, il devient l’héritier de la couronne de France mais, pour accéder au trône, il doit se convertir au catholicisme. Devenu Henri IV de France, il négocie puis impose en 1598 l’édit de Nantes en faveur des protestants et pacifie ses territoires après 36 ans de guerres civiles. L'année suivante, il promulgue l'édit de Fontainebleau qui autorise le catholicisme en Béarn. En son absence, c’est sa sœur unique Catherine de Bourbon qui occupe la régence du Béarn, toujours indépendant. A la différence de son frère, elle reste calviniste.

 

/// Vers la Révocation de l’édit de Nantes et la clandestinité

 

En 1620, Louis XIII, fils d’Henri IV, impose l’union du Béarn à la France. Il rétablit le catholicisme béarnais dans ses édifices et ses biens, confisqués par Jeanne d'Albret après les troubles de 1569. En 1685, Louis XIV interdit définitivement le protestantisme en révoquant l’édit de Nantes. En Béarn, dès 1668, le nombre de lieux de culte avait été réduit. Pour échapper aux persécutions, notamment aux dragonnades, de nombreux huguenots fuient vers les pays dits du Refuge (Allemagne, Angleterre, Hollande, Suisse, Amérique du Nord...). Néanmoins, la majorité des protestants béarnais préfère rester. Ils continuent leurs pratiques religieuses dans la clandestinité, d’abord au sein de la famille puis dans des « assemblées au Désert », après 1760 avec l'arrivée d'un pasteur languedocien, Étienne Deferre.

 

/// Persécutions et reconnaissance

 

Quand les protestants sont surpris lors de ces assemblées, les pasteurs sont pendus, roués ou brûlés, les hommes sont condamnés aux galères et les femmes emprisonnées ou envoyées au couvent pour les plus jeunes. En 1787, l'édit de Tolérance de Louis XVI permet aux non catholiques de bénéficier d'un état civil. Ce n’est qu'à la Révolution, en 1789, qu’ils obtiennent la liberté de conscience grâce à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le temple de l’Église réformée d’Orthez, inauguré le 25 novembre 1790, est alors le premier à être reconstruit en France.

 

/// Le renouveau des Églises

 

Le XIXe siècle est marqué par la réorganisation des structures religieuses de France. De véritables « dynasties » de pasteurs se forment, à l’image des familles Cadier, Nogaret, Bost, Frossard… qui participent à la reconstruction des Églises protestantes. Désirant régler la question religieuse, Napoléon Bonaparte signe un concordat avec le pape en 1801. L'année suivante, il promulgue les articles organiques qui donnent une existence officielle et définitive au protestantisme. Des temples sont construits et Orthez devient la capitale de la circonscription (le consistoire) qui regroupe les Églises des Basses-Pyrénées et des départements voisins. En 1832, le pasteur Jaques Reclus, fédère les groupes indépendants qui sont issus du mouvement de Réveil autour d’Orthez. Ainsi naît l’Église évangélique libre, une Église indépendante de l’État. L'épouse de Jacques Reclus, Zéline, ouvre un peu plus tard à Orthez la première école pour jeunes filles. Leurs cinq fils, Élie, Élisée, Onésime, Armand et Paul, connaitront une renommée nationale, voire internationale pour certains, dans divers domaines scientifiques (géographie, médecine, etc...).

 

/// Protestantisme et laïcité

 

A cette époque, la communauté protestante se rallie à l’enseignement public et laïc que la troisième République met en place. Félix Pécaut, natif de Salies, collaborateur de Jules Ferry, a été Inspecteur Général de l’Enseignement Primaire avant d’organiser l’École Normale Supérieure d’Institutrices de Fontenay-aux-Roses en 1880. Pauline Kergomard, née Reclus, a reçu à Orthez les enseignements de sa tante Zéline Reclus (l’épouse du pasteur). A la demande de Jules Ferry, elle participe à la transformation des salles d’asile en écoles maternelles.

 

/// Évangélisation et missions

 

Dans la première partie du XIXe siècle, le protestantisme européen voit naître de nombreuses sociétés de Missions. Eugène Casalis, né à Orthez en 1812, est l’un des premiers envoyés. Missionnaire durant 23 ans au Lesotho, il dirige ensuite la Société des Missions Évangéliques de Paris pendant 25 ans. Comme tous les pays européens, l’Espagne a été touchée par la Réforme au XVIe siècle, mais le mouvement a été stoppé brutalement par l’Inquisition. Trois cents ans plus tard une « seconde réforme » s’organise. Les tribulations de l’évangéliste Manuel Matamoros, emprisonné puis banni, illustrent bien les difficultés rencontrées par ce renouveau évangélique. Au début du XXe siècle, une importante population espagnole vient s'implanter en Béarn, notamment pour travailler dans l'industrie textile et sandalière puis, plus tard, sur la ligne de chemin de fer reliant Pau à Canfranc. Albert Cadier œuvre à l'évangélisation de cette communauté et crée la Fraternité d'Oloron en 1912. Fort de cette expérience, il fonde alors la Mission Française du Haut-Aragon qui développe une action religieuse et scolaire outre Pyrénées.

 

 

3)·         Guerres de religion sous Louis XIII © Musée Virtuel du Protestantisme

 

Le Béarn était un vicomté de la famille d’Albret dont Henri IV avait hérité de sa mère, Jeanne d’Albret, en même temps que du royaume de Navarre. Par la volonté de Jeanne d’Albret, le Béarn était devenu protestant et les biens du clergé catholique avaient été mis sous séquestre. En 1599, Henri IV avait fait rétablir en Béarn l’exercice du culte catholique, mais la restitution des biens ecclésiastiques n’avait pas été effectuée. En 1616, le conseil du Béarn, composé de magistrats protestants, s’était compromis lors de troubles de nobles protestants. En 1617, le conseil du roi proclame la réunion au royaume de France du Béarn, propriété personnelle du roi, et décide d’y faire exécuter toutes les dispositions de l’édit de Nantes. Le conseil du Béarn, refuse d’enregistrer cette décision. En 1620, le roi Louis XIII arrive à Pau avec des troupes et il remplace le conseil du Béarn par un parlement où ne siègent que des catholiques. Il rétablit le culte catholique. Ce changement alarme le parti protestant dans tout le royaume et entraîne un mouvement de résistance au roi au nom de « la cause » réformée.

 

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